Épilogue au communiqué ci-dessous :
Le signalement opéré par le SNES-FSU le mercredi 9 novembre a été suivi par une réaction rapide du Recteur qui a fait envoyer jeudi 10 novembre de nouvelles directives aux chefs d’établissement : la somme octroyée est maintenue et toujours affectée à la mise en place des nouveaux programmes de technologie, mais elle n’est plus conditionnée à l’achat du logiciel propriétaire prévu initialement, liberté est donc donnée aux collèges de préférer les logiciels libres et d’utiliser ce crédit d’un peu plus de 500 euros pour acheter du matériel correspondant aux souhaits de l’équipe pédagogique.
Si le SNES-FSU ne peut que se réjouir de cette issue conforme aux attentes des missions et valeurs du service public et d’un Recteur en charge de les faire respecter, il reste plusieurs questions pour lesquelles nous souhaitons des réponses :
– dans l’immédiat, quid des établissements qui ont suivi le premier courrier et ont adopté en conseil d’administration l’achat du matériel imposé à l’origine ? Peuvent-ils dénoncer le vote et comment ?
– S’agissant de l’entreprise plaçant son produit, comment a t-elle eu accès aux adresses d’établissement et a t-elle pu exercer une telle pression sans que cela ne remonte au recteur autrement que par notre syndicat ?
– Comment une telle « maladresse » peut-elle s’expliquer ? Il s’agit quand même d’une somme de 130 000 euros qui a été débloquée et donc des signatures qui ont été accordées pour la mise en paiement.
Le SNES-FSU considère que cet épisode de la marchandisation de l’école n’est pas anodin et il appel à la vigilance accrue de tous comme à un effort de formation professionnelle, d’éthique et de responsabilité, chez certains responsables, du ministère aux établissements.
Communiqué du SNES-FSU du 9 novembre
11 novembre à vendre 130 000 euros !
Cela ressemble à un cauchemar et pourtant tout est vrai !
Par un courrier en date du 7 octobre 2016, le rectorat de Lille enjoint les chefs d’établissement à acheter le logiciel privé Mindview de la société MatchWare.
Pour ce faire, il dote les collèges de l’académie, sous réserve de preuve d’achat des produits prescrits, d’un crédit de 582 euros sur lequel il faudra ponctionner 399 euros, coût du logiciel. L’institution pousse la mauvaise plaisanterie jusqu’à fournir les coordonnées du commercial de l’entreprise, l’émail et le numéro de téléphone pour passer commande. Et quand l’établissement tarde à s’exécuter, les intendants sont relancés par la société ! La licence ainsi achetée, ne comprend pas les mises à jour (qu’il faudra donc payer en sus) et ne permet qu’une utilisation dans l’établissement. Les élèves et les enseignants qui auraient besoin de l’utiliser chez eux devront donc, aussi, passer à la caisse !
Des professeurs de l’académie ont la mauvaise surprise d’être invités, par l’intermédiaire d’un mail de l’entreprise MatchWare aux principaux de collège, à une formation en ligne ce vendredi 11 novembre ! Il faut dire que le courrier du rectorat aux chefs d’établissement prévient bien que « un dispositif de formation a déjà était [sic] mis en place. Il sera poursuivi. La société MatchWare s’engage à accompagner tous les collèges de l’académie dans le lancement de MindView. »
Difficile de considérer, comme il voudrait le laisser croire dans une réponse à notre interpellation, que le rectorat n’est pour rien dans cette dernière initiative qui consiste à inviter les enseignants à travailler au profit d’une entreprise privée un jour férié.
Les règles des marchés publics ont-elles été respectées ?
Un organisme public a pour obligations de choisir une offre pertinente et de faire une bonne utilisation des deniers publics. Dans tous les collèges, les équipes ont-elles réclamé ce logiciel ?
Le rectorat de Lille a-t-il pris soin de vérifier si le logiciel libre et gratuit, Freeplane ou l’outil en ligne Framindmap, n’offraient pas les mêmes fonctions ?
En faisant une telle pression sur les établissements pour acheter ce produit précis, le rectorat n’opère-t-il pas un saucissonnage de la commande publique ? 326 collèges qui paient 399 euros, cela porte la facture à plus de 130 000 € tout de même ! Un tel marché, en tout cas, aurait dépassé le seuil imposant sa publicité.
N’y-a-t-il aucun texte qui interdise à un fonctionnaire de faire ainsi la promotion d’une marchandise ou d’une entreprise ?
La neutralité de l’école a-t-elle encore un sens pour les représentants de l’État ?
Que reste-t-il de la liberté pédagogique et de l’autonomie des établissements dans cette affaire ?