Un anti-héros qui s’appuie sur un pouvoir guidé par des a priori idéologiques pour démembrer l’Education nationale, morceau par morceau, réforme après réforme, et pour tenter de mater ses personnels par un autoritarisme insupportable. Un décor de crise économique, sociale et morale qui creuse les inégalités, toutes les inégalités. Un virus pour le suspens et les rebondissements. Voilà la base de la bien mauvaise série dont Jean-Michel Blanquer joue le personnage principal depuis bientôt trois ans.
Un personnage glauque et dangereux, donc. Qui ne tient dans la durée qu’en multipliant les mensonges.
Mensonges systématiques sur les chiffres de malades du Covid (les chiffres de l’Éducation nationale et ceux du ministère de la santé faisant le grand écart). Et même si l’intention de nuire n’est pas délibérée, nombre de chef.fe.s d’établissements ont compris le message : faire remonter peu pour faire croire que le protocole indigent suffit. Au prix de la santé de tou.te.s : personnels, élèves et familles. Mensonges répétés pour cacher l’impréparation et l’absence de réflexion quant aux conséquences pédagogiques : toujours pas d’aménagements de programmes, pas de prise en compte de nos propositions pour le bac 2021, aucune réflexion pour le DNB...
Mensonges sur les effectifs, les classes surchargées, le décrochage scolaire aggravé par le premier confinement et l’absence de moyens pour y remédier. Pire, ce sont toujours 1800 postes qui seront liquidés dans le second degré pour la rentrée 2021.
Mensonges sur l’Education Prioritaire, victime d’un véritable hold up, au moment où il faudrait au contraire la renforcer.
Et quand le personnage est affecté par un scandale de « syndicat » lycéen maison dépensant sans contrôle l’argent public pour la « bonne cause » (dire du bien du ministre), des propos pitoyables associant le Snes-Fsu à une « ultra-gauche » fantasmée.
Les personnels de l’Education nationale en ont plus qu’assez de cette mauvaise série. Et ce n’est pas l’exfiltration annoncée du ministre vers les régionales qui pourrait leur servir de « happy end ». Ce qu’ils veulent, ce que nous voulons, ce sont d’autres choix politiques pour un service public d’éducation fort qui remplisse toutes ses missions.
Catherine Piecuch