Le projet de réforme du collège, en lien avec le « Pacte », comporte de grands dangers pour nos métiers. En 6e, sont prévues l’instauration de l’heure de soutien/remédiation et la généralisation de devoirs faits, contre une prime et la signature d’une lettre de mission. Il s’agit d’avancer vers la primarisation et de réformer à moindre coût : c’est la suppression de la technologie en 6e, hors de tout cadre réglementaire, qui doit permettre les redéploiements de moyens. On est bien loin de la volonté émancipatrice et de culture commune, bien loin également de ce que réclame le Snes-FSU : des dédoublements dans chaque discipline pour faire face à la difficulté scolaire et lutter efficacement contre les inégalités. Nous pourrions faire la même critique concernant la « découverte des métiers » prévue dès la rentrée prochaine en 5e, pour laquelle, même si la mise en place reste floue, il faudra de fait, pour ne pas sortir des 26h hebdomadaires, rogner sur des enseignements disciplinaires, sans qu’on sache encore quelle discipline en fera les frais.
Pilotage automatique
Par ailleurs, le ministère a l’intention de piloter beaucoup plus étroitement le travail des équipes. En premier lieu, seront renforcées dès la rentrée prochaine les évaluations nationales, qui, en plus de la 6e, feront leur apparition en 4e. Évaluations déconnectées des programmes, qui n’ont aucune utilité pour les professeurs, mais peuvent, en outre, servir d’outils aux chefs d’établissement pour imposer un pilotage pédagogique. En outre, sera créé dans chaque académie un CASF (conseil académique des savoirs fondamentaux) pour contrôler la formation continue et les pratiques dans la classe, via des visites d’IPR ! Dans le même temps, on continue le développement des certifications en tout genre. Après PIX, Evalang, le Passeport Educfi en 4e, une nouvelle certification en mathématiques est prévue dès la rentrée 2023. Ce sont autant de manières de mesurer les performances des élèves, hors de tout programme disciplinaire (et sans moyens) et de tout cadre national auquel nous sommes à juste titre attachés, de nous déposséder des évaluations, et à terme, de dénaturer le DNB jusqu’au risque de le voir disparaître.
La réforme du collège qui s’engage est étroitement liée au « Pacte » que prépare le ministère : il s’agit de transformer profondément nos métiers, en mettant en concurrence les personnels, en augmentant leur charge de travail, et en les dépossédant de leur autonomie professionnelle au profit du chef d’établissement, via des lettres de mission.
Le Snes-FSU continuera à défendre ses mandats pour le collège et pour nos métiers contre ce projet délétère.
Jean-François Carémel, Fiona Verhaeghe