Le président Macron, les organisations patronales et certaines fédérations de salariés mettent en avant, à grand renfort de chiffres biaisés sur l’insertion des jeunes, l’efficacité supposée de l’apprentissage. Entre 2019 et 2021, le nombre de contrats d’apprentissage signés a doublé, s’élevant à 700 000. L’apprentissage serait-il doncla solution au chômage des jeunes ?
L’augmentation s’explique d’abord par l’effet d’aubaine : subventionnement à 100% par l’État du salaire de l’apprenti.e la 1re année, assouplissement des droits du contrat d’apprentissage sur le modèle des lois « travail » et besoin actuel des entreprises en personnel. En 2021, pendant la reprise économique, l’apprentissage est une manière d’obtenir une force de travail à bas coût (et flexible).
Et pour les jeunes ?
La précarité est une réalité vécue au quotidien, et recourir à une formation rémunérée peut être perçu comme un moyen d’y faire face. Mais la rupture de contrat et l’abandon de formation sont le lot de nombreux apprenti.e.s. Selon la Dares, le taux de rupture de contrat s’élève à 29,4% et atteint 39,3% chez les moins de 18 ans. Même pour les plus de 26 ans, il est de 24%. Sans oublier que suite à ces arrêts de formation, 22,3% des apprentis décrochent totalement des études. De plus, l’apprentissage se développe principalement dans le supérieur. Même si certains jeune étaient intéressés par l’apprentissage, ils en sont exclus du fait de la représentation genrée des métiers, de leur origine sociale, ou du manque d’entreprises dans certaines zones géographiques.
Et pour les enseignant.e.s ?
L’apprentissage n’est pas intégré à la DHG des établissements, ces formations sont donc effectuées en heures supplémentaires et au détriment de la formation initiale. Malgré ces travers, il est difficile de résister à la pression hiérarchique pour récupérela taxe d’apprentissage, aux compléments de salaire et aux sollicitations des jeunes précarisés.
Thierry Quétu