Deuxième année du Grand Oral et de cette idée pédagogiquement aberrante : les deux spécialités potentiellement évaluées ne sont pas chacune représentée dans les jurys. En outre, l’épreuve est préparée sans temps dédié. Quel mépris pour les élèves, les enseignant.e.s, nos concours de recrutement et nos métiers !
Mais c’est finalement conforme à la tendance des politiques néolibérales qui remettent en cause le fondement disciplinaire de notre métier. Sans parler de la 3e partie de cet oral-mascarade, concentrée sur le « projet d’orientation » des élèves, que le Snes-FSU a appelé à neutraliser en ne l’évaluant pas. Transformé en concours d’éloquence, le Grand Oral actuel ne permet ni l’émancipation de nos élèves futur.e.s citoyen.ne.s, ni de lutter contre les inégalités sociales et de genre inhérentes à la prise de parole.
Lors de son congrès national à Montpellier, le Snes-FSU a revendiqué un oral ancré dans les disciplines, travaillé en petits groupes, avec un temps dédié dans le cadre des programmes et horaires disciplinaires tout en s’appuyant sur la construction d’un savoir.
Pour l’oral du DNB, nos revendications sont identiques pour une épreuve qui pèse lourdement dans le barème de l’examen (100 points sur 800) alors qu’elle pose problème. Organisée localement, elle met les professeurs en situation d’évaluer leurs propres élèves. Alors qu’auparavant elle portait sur des œuvres travaillées en classe (en lien avec les programmes nationaux) dans le cadre de l’histoire des arts, la réforme du collège a permis de présenter des sujets souvent déconnectés des savoirs scolaires, au titre de ’’projets« et autres »parcours« … En outre, l’évaluation de la soutenance doit intégrer un barème mettant à égalité la »maîtrise de l’expression orale« et celle du contenu, qui très souvent se résume au récit du stage d’observation en milieu professionnel. Rupture d’égalité entre les candidat.e.s, enseignant.e.s dont l’expertise professionnelle est mise à mal, pressions fréquentes pour »harmoniser" les notes versle haut, les dérives sont nombreuses. Au collège aussi, il est nécessaire de garantir le lien entre les enseignements scolaires et les attendus de l’épreuve, et de renforcer le cadre national de l’examen.
Olivier Carraud, Tiphaine Colin, Jean-François Carémel