A la demande de la FSU, depuis plusieurs années, a été créé un groupe de travail examen. Il s’est réuni le lundi 25 janvier, dans un contexte particulier puisque nous avons appris il y a 4 jours dans une lettre du ministre que les épreuves de spécialité du bac étaient annulées, et remplacées par un contrôle continu : « on ne sait pas », « rien n’est prêt », « il faut attendre », que ce soit sur les modalités de ce contrôle continu, ou bien sur les épreuves de juin maintenues (Grand Oral, Français, philosophie) bien peu de réponses nous ont été apportées sur le déroulement du bac !
Et pour cause : le ministère n’ayant rien anticipé, les services du rectorat n’ont pu nous présenter que ce qui était initialement prévu, c’est donc à un groupe de travail « de science fiction » que nous avons assisté !
Le Snes-Fsu demandait pourtant depuis la rentrée de septembre que les écrits du bac soient reportés au mois de juin, pour que cesse l’improvisation du ministère, source de stress pour les élèves, les familles, et les personnels.
En collège, pour le DNB, les collègues attendent toujours des réponses sur les oraux : conditions de préparation et de passation, calendrier, prise en compte du parcours Avenir (dans la mesure où un certain nombre d’élèves n’ont pas réalisé de stages d’observation). Faut-il là encore se résigner à une annonce de dernière minute ? Quand seront enfin prises en compte la dégradation des conditions d’apprentissage et les retards accumulés sur ces deux dernières années scolaires ?
Le Snes-Fsu a porté les demandes des collègues dans ce groupe de travail, pour le bac, pour le brevet, et continuera de le faire (notamment lors du prochain groupe de travail qui aura lieu début mars).
Voici ci-dessous la déclaration que nous y avons faite, et les principaux points abordés :
Les principaux points que nous avons soulevés dans ce groupe de travail :
BAC
– Ce à quoi nous avons échappé cette année :
Il était prévu que les cours de Terminale soient annulés pendant la semaine des épreuves écrites de spécialité en mars, mais pas la prise en charge des 2des et 1res, pour lesquels il aurait même fallu organiser une « semaine de l’orientation » ! Sans parler des épreuves pratiques qui devaient avoir lieu aussi en même temps (ECE en sciences par exemple).
– Contrôle continu
Nous avons rappelé les dérives du contrôle continu, avec les retours d‘expérience de l’an dernier (risques de bidouillage, de « surnotes », de pression des chefs d’établissement).
Pour ce qui est du contrôle continu en remplacement des épreuves de spécialité de mars, rien n’est prêt, il faut attendre le « cadrage » du ministère qui devrait arriver début février.
– LV
Pour la DNL, le rectorat est « dans l’attente de précision ». Les épreuves auraient lieu du 7 au 11 juin pour l’évaluation spécifique.
- Epreuves Anticipées de Français
Comme les années précédentes nous avons demandé au rectorat que les collègues ne soient pas convoqués pour les surveillances des épreuves écrites et du Grand Oral, à partir de la réunion sur les descriptifs ; et que la convocation mentionne "lecture des descriptifs et préparation des questions de telle date à telle date". La DEC a affirmé travailler à ne pas convoquer les collègues de lettres et de philo à la fois pour les surveillances, la correction des écrits, les oraux d’EAF et pour le Grand Oral en HLP.
Nous avons alerté sur les risques liés à la dématérialisation des descriptifs et des copies : le rectorat nous répond que cette question n’est pas tranchée.
- Philosophie
Là encore, la question de la dématérialisation des copies n’a pas été tranchée.
- Grand oral
Le rectorat déplore qu’un grand séminaire consacré à la question du « continuum » de la préparation à l’oral de la maternelle au lycée, ne puisse pas se tenir pour cause de covid. Il loue les bienfaits de cette nouvelle épreuve, se félicite des formations qui sont en train d’être menées dans les établissements (bien tardivement pour une épreuve à laquelle nous sommes censés avoir préparé les élèves depuis la 1re !), nous ne sommes pas nous dans la science-fiction et rappelons que de nombreux problèmes se posent. En plus des critiques de fond que l’on peut faire à ce Grand Oral là (critères d’évaluation sur la forme et non sur les connaissances disciplinaires, risque de valorisation de compétences langagières déterminées socialement d’autant plus qu’aucun temps dédié à cet apprentissage n’est prévu dans les grilles horaires du lycée, évaluation de « choix d’orientation », et valorisation de « stages à l’étranger »,, etc.), de nombreuses questions pratiques se posent : que se passe t-il si le jury n’est pas de la "bonne" spécialité quand il s’agit de sujet sur deux spécialités ? comment peut être constitué un jury si l’élève fait sa présentation en LV ( anglais, Allemand, ...) ? Qui valide le choix des questions ? Le jury aura t il connaissance des questions proposées par les élèves avant l ’épreuve ou les découvre t il sur le moment ? Est-ce que les élèves passent dans leur établissement avec des professeurs de leur établissement, ou au contraire avec des professeurs extérieurs à l’ établissement, comme nous le demandons ?
Aucune réponse ne nous est apportée, si ce n’est la confirmation que les élèves pourront bien passer leur oral en langue étrangère s’ils le souhaitent, contrairement à ce que certains chefs d’établissement peuvent laisser entendre.
De plus, dans ce contexte de totale impréparation du ministère, et alors qu’il doit théoriquement être préparé sur l’ensemble du cycle terminal, dans les conditions actuelles, était-il raisonnable de le maintenir ?
DNB
Le Snes-Fsu rappelle que pour les élèves qui passeront le DNB, c’est la deuxième année scolaire où ils n’ont pas pu préparer les choses convenablement. Là encore, aucune réponse, ni sur le calendrier de l’examen, ni sur la prise en compte du parcours Avenir.
En raison du Covid, le Ministre a rendu facultatives les séquences d’observation en milieu professionnel ;
de fait, cette décision nécessaire, va poser problème dans les établissements où la majorité des élèves choisit de présenter le stage à l’oral du DNB, dans le cadre du Parcours Avenir. Des élèves qui, rappelons-le, ont été confinés de longs mois en 2019-2020.
– > pour la FSU, l’épreuve orale doit être neutralisée une nouvelle fois, le ministre doit l’annoncer sans attendre.
Test de positionnement en anglais en Troisième
Le Snes-FSU a questionné l’organisation prévue, aucune consigne n’était connue à ce jour.
Il nous a été dit que la passation aurait lieu du 13 avril au 19 mai au niveau académique
Une Note de service ministérielle est prévue mi-février.
Déclaration des représentants FSU au groupe de travail :
Déclaration Snes-Fsu
Ce Groupe de Travail se tient dans des circonstances particulières puisque nous avons appris, il y a 4 jours, au débotté, que les épreuves écrites de spécialité auxquelles nous préparons les élèves depuis septembre, étaient purement annulées sans que l’hypothèse d’un report en juin, sur un programme plus adapté, ait été sérieusement envisagé par le ministre. A nouveau domine le sentiment d’être pris dans l’improvisation permanente et de devoir se résigner au scénario du pire, faute d’anticipation et de concertation. Comment ne pas y voir une volonté délibérée d’instrumentaliser la crise sanitaire pour imposer une réforme du bac dans le sens d’une généralisation du contrôle continu, dont on sait bien, depuis le début, qu’elle est à l’agenda du ministre. Après un premier moment de "soulagement", la colère est grande dans les salles de professeurs où l’annonce a été vécue comme une énième provocation.
Le bac sera donc largement obtenu cette année par contrôle continu. Dans son courrier, le ministre prétend vouloir garantir « l’égalité de traitement de tous les candidats ». A voir. Il nous promet un « guide de l’évaluation » et un « cadre de travail commun pour aider les commissions d’harmonisation ». Ces formules sont vagues, il faudra s’en contenter pour ce groupe de travail, mais rappelons tout de même quelques évidences pédagogiques pour pointer les difficultés auxquelles nous voilà désormais confrontés :
– comment légitimer aux yeux des élèves que les notes obtenues jusqu’ici, vont désormais compter pour l’obtention du bac ? Il y a quelque chose de l’ordre du contrat moral qui est rompu. A juste titre, l’école est conçue comme un lieu d’éducation et donc de progression, d’amélioration et il est contre-nature de vouloir faire des premiers faux pas de l’année, des échecs, des tâtonnements et des erreurs d’un élève, une sanction de son examen.
– nos moyennes intègrent des évaluations de nature bien différentes, des travaux maison, des travaux de groupe, des exercices, des devoirs type-bac etc. Le ministre nous engage à renforcer la part des évaluations sommatives à partir des « sujets d’épreuves terminales » que l’on devrait piocher dans la BNS. Mais que faut-il faire de la moyenne du T1 ? La recalculer à l’aune de cette préconisation ? Et pour celle du T2 et T3, faudra-t-il ne prendre en compte que ce type de devoir ? L’autre solution consiste à dire que tout se vaut, que tous les travaux sont fongibles dans la note du bac comme pour une moyenne trimestrielle. Ce serait alors faire fi de la différence fondamentale entre évaluation certificative et formative, ce qui était pourtant le BA-BA de nos années d’IUFM ou d’ESPE
– le ministre dit comprendre le stress des élèves et des enseignants mais si l’organisation qu’il prévoit consiste à faire dépendre l’obtention du bac des prochains DS de type bac, cela ne revient-il pas à générer encore plus de stress ?
– enfin, disons-le tout net car cette difficulté va devenir très critique, nos collègues redoutent d’être soumis à de fortes injonctions et à des pressions sur leurs évaluations. La vertu d’une épreuve finale, nationale et corrigée en dehors de l’établissement, était justement d’éviter ces pressions. Oui c’est pour cette raison que le bac c’est un peu la république en acte, et que nous y sommes tant attachés. Dès le lendemain de l’annonce ministérielle, les élèves, calculette à la main, spéculaient déjà sur leur réussite et négociaient la prise en compte et les coefficients de certaines évaluations. Lors du passage de 10 à 40% du bac en contrôle continu, la presse s’était fait l’écho de certains chefs d’établissement qui estimaient trop sévères la notation par leurs équipes pédagogiques et qui recourraient à la pratique du « double bulletin », un premier à usage interne, un autre pour alimenter Parcoursup et le calcul de la moyenne du bac. Le cadrage annoncé par le ministre et qui va consister à donner la main sur l’évaluation à des personnels qui, par leur fonction, ne sont pas évaluateurs, n’offre aucune garantie réelle sur l’égalité de traitement national entre les candidats ; ce mécanisme peut même frayer la voie par laquelle ces inégalités prendront forme.
Par ailleurs, l’organisation retenue pour cette session du bac 2021 est problématique aussi du côté de ce qui ne change pas (ou tout au moins pour l’instant) :
– les EAF sont maintenues avec un aménagement à la marge de la préparation mais qui contraint les élèves de 1re et leurs professeurs à courir encore derrière un programme lourd.
Le ministre engage les établissements à faire revenir les élèves de terminale en classe entière, sans y voir d’ailleurs de contradiction avec le « renforcement du protocole sanitaire » mais a-t-il oublié que les élèves de 1re n’ont bien souvent que la moitié de leur emploi du temps en présentiel ?
– le Grand Oral est maintenu, c’est visiblement le totem du ministre, alors que sa mise en œuvre se révèle toujours plus problématique : son organisation effective n’est toujours pas calée, il faudra en rediscuter ici, la préparation des élèves n’a pas pu avoir lieu dans de bonnes conditions ni cette année ni les années précédentes, et surtout la profession refuse de s’approprier cette modalité d’examen, peu disciplinaire, artificiellement oratoire et qui vise au bout du compte à évaluer la compétence d’un élève à se mettre en scène devant un jury. Les sessions de formation des enseignants à cette nouvelle épreuve qui ont lieu en ce moment, révèlent d’ailleurs un profond malaise, y compris du côté de l’institution qui a du mal à fournir
des réponses claires aux questions des collègues.
Quant au DNB, les collègues attendent toujours des réponses sur les oraux, sur les conditions de préparation et de passation cette année, sur le calendrier de passation et sur la prise en compte du parcours Avenir dans la mesure où un certain nombre d’élèves n’ont pas réalisé de stages d’observation. Faut-il là encore se résigner à une annonce de dernière minute ? Quand seront enfin prises en compte la dégradation historique des conditions d’apprentissage et les retards cognitifs accumulés sur 2 années scolaires ?