Répondant le 10 juin sur Franceinfo aux questions de lycéen.e.s sur la réforme du bac, Jean-Michel Blanquer affirmait sans honte : « C’est un bac nouveau, un bac que je qualifierais de meilleur que celui de vos prédécesseurs ». Le ministre est même allé jusqu’à parler de bac « régénéré » à un élève qui lui reprochait fort justement sa gestion de la crise sanitaire, déstabilisatrice et méprisante pour les candidat.e.s comme pour les personnels. Dans notre académie, ces propos ont paru d’autant plus surréalistes qu’ils étaient tenus au moment où le rectorat se montrait incapable d’organiser le fameux bac régénéré.
Pourtant, faut-il considérer ces propos comme de simples provocations, déconnectées du réel, et voir dans les dysfonctionnements de fin d’année le simple effet désastreux de l’incompétence d’un obscur service du rectorat, ou de l’impréparation blanquérienne ?
Non. Celui qui prépare en sous-main le volet éducatif de l’actuelle majorité pour 2022 met en œuvre un projet politique : après s’être attaqué au contrôle de la légalité des opérations de carrière et de mutations par les organisations syndicales sur les carrières et les mutations (Loi Fonction publique de 2019), il veut après le Grenelle de l’Éducation mettre nos métiers sous tutelle, en les déstabilisant (bac 2021, modalités d’évaluation en collège) et plaire ainsi à l’électorat le plus réactionnaire. En allant même jusqu’à annoncer un « plan de formation sur la laïcité », qui ressemble furieusement à la « formation des enseignants à la gestion du séparatisme à l’école » préconisée par l’extrême-droite, aux portes de la région à l’heure où sont écrites ces lignes.
Jean-François Carémel