Et si la rentrée 2020 était bien, finalement, la rentrée « normale » décrite par le Ministre de
l’Éducation nationale ? Oh bien sûr, pas une rentrée normale pour les enseignant.e.s, CPE, AED, AESH et PsyEN, qui doivent endurer l’anxiété et les contraintes -nécessaires- liées à la crise sanitaire, tout en travaillant dans des conditions toujours plus dégradées, comme si de rien n’était : des classes toujours plus chargées ; une pression et une culpabilisation accrues pour faire des heures supplémentaires ; le maintien en l’état des programmes ; la poursuite des réformes du lycée et du bac qui atomisent les emplois du temps et le groupe-classe ; la régionalisation rampante de l’orientation, etc. La rentrée normale, c’est celle voulue par un Président de la République et son Premier Ministre qui ont exclu en ces termes la création de 3000 postes supplémentaires dans le second degré : « c’est le genre de créations d’emplois qui vont aggraver le déficit et qui ne servent pas à redresser le pays ». (Le Canard Enchaîné, 26/08/2020).
Une rentrée « normale » qui relègue donc le service public d’éducation à la seule mission d’accueil des élèves, de façon à permettre aux entreprises de fonctionner. Parler de rentrée normale témoigne au fond de la volonté de continuer à dérouler, en dépit de la crise sanitaire, des choix politiques
et éducatifs régressifs. Une volonté de continuité, qui confine au dogmatisme puisqu’on annonce même un « Grenelle des professeurs » et des « Etats-Généraux du Numérique » qui pourraient instrumentaliser la crise pour toucher aux statuts...
Jean-François Carémel