En juin 2020, le ministre Blanquer installait le Conseil d’Évaluation de l’Ecole (CEE), issu de sa loi dite « pour une école de la confiance » (2019) et totalement à sa main. Rapidement, le CEE produisait une multitude de guides, de chartes et autres outils technocratiques destinés officiellement à « diffuser une culture de l’évaluation ». Sauf que le cadre « très souple » a été imposé scrupuleusement aux établissements concernés en 2020-21, et l’est à nouveau pour ceux qui sont pressentis en 2021-22.
Le doux chant des sirènes
Mais pour rassurer les personnels de l’éducation nationale rétifs à l’obligation de résultats et à la politique du chiffre, cette autoévaluation est présentée sous des dehors séduisants : elle leur promet une plus grande implication dans tous les aspects de la vie de l’établissement, et la prise en compte de leurs souhaits dans le rapport qui doit être rédigé par le chef d’établissement. Elle est présentée comme une démarche qualitative « gagnant-gagnant », qui permettra à tous les acteurs d’en tirer un bénéfice quotidien. Comment refuser ?
« Auto-standardisation » du métier
Problème : l’autoévaluation postule que l’établissement est le facteur déterminant de l’efficacité du
système, et non les politiques éducatives nationales qui ont conduit à la suppression de 7890 postes
depuis 2018. En outre, affirmer que la démarche est nécessaire, c’est induire que, sans autoévaluation, les équipes ne sortiraient pas de leur « zone de confort »...
et que par conséquent leurs pratiques doivent être revues et standardisées, comme le préconisent la délibération du CEE en date du 29 juin « relative à l’écosystème d’évaluation des acquis des élèves », l’amorce du Plan Local d’Évaluation en lycée, et la promesse de nouvelles pressions sur la notation en collège.
Jean-François Carémel