Fin novembre, en plein « Blanquer gate », Nathalie Elimas, secrétaire d’État à l’Education prioritaire, apprenait à toute la profession, via une tribune dans le Parisien, la mise en place d’une redéfinition de l’Éducation prioritaire, en se fondant sur le rapport Mathiot-Azéma de 2019 qui prévoit la suppression des REP, sous prétexte de « sortir de la logique du tout ou rien » et de ne pas « laisser des structures au bord du chemin ». En effet, la réforme prévoit la suppression du label REP à la rentrée 2022 et une contractualisation avec les rectorats des établissements en « difficultés »
pour obtenir des moyens sur la base de critères encore flous. En réalité, ce projet est une manière de saper une politique et un découpage national pour « donner des moyens aux établissements en fonction de leurs projets » et avoir davantage de « souplesse ».
C’est-à-dire renvoyer au local avec tous les risques qui en découlent : opacité de l’attribution des moyens, concurrence entre établissements, pouvoir donné aux édiles locales, pressions managériales sur les équipes pour l’évaluation, les projets et les résultats aux examens.
Il s’agit également d’émietter les aides de l’État habituellement consacrées aux REP (environ un milliard d’euros) au prétexte de transférer des moyens des zones urbaines vers des zones rurales, en finançant une prime d’attractivité avec la redistribution de l’actuelle prime REP (rapport Mathiot-Azéma). En d’autres termes, comme à chaque fois, de déshabiller Pierre pour habiller Paul plutôt que d’ajouter des moyens.
Pour les REP+, si Nathalie Elimas confirme qu’ils seront maintenus à la rentrée 2022, rien ne dit que cela durera. Le rapport Mathiot-Azéma appelle d’ailleurs à une « plus grande cohérence » des deux cartes de l’éducation prioritaire.
Nous voyons déjà certains établissements REP+ (et pas d’autres) intégrer des cités éducatives où la contractualisation est reine. On ne peut donc qu’être très inquiet également sur l’avenir des REP+ dans le contexte de suppressions de postes (- 194 dans l’académie pour la rentrée 2021) et des « réformes » du système éducatifs portées par Jean-Michel Blanquer contre les personnels depuis trois ans.
Avec la Fsu, le Snes mobilisera les collègues contre le démantèlement de l’éducation prioritaire. Tout l’enjeu est au contraire de déployer une politique d’éducation prioritaire ambitieuse et d’élargir la carte actuelle en toute transparence aux établissements dont les critères sociaux et scolaires leur permettraient aujourd’hui d’en relever.
Fiona Verhaeghe
Académie de Lille
Avec Nantes et Aix-Marseille, notre académie fait partie des trois choisies pour mener l’expérimentation dès la rentrée 2021. Si le rectorat, sur une question sensible dans notre académie (un quart des collèges relève de l’éducation prioritaire), cherche à rassurer en annonçant que le réseau des REP serait préservé en 2021-2022, deux menaces se profilent : la disparition de la labellisation nationale au profit d’une labellisation académique, et la mise en concurrence des REP actuels avec des établissements hors-REP « identifiés » qui accepteront des Contrats Locaux d’Accompagnement (CLA)... dans un contexte de nouvelles suppressions de postes (194) décidées pour la rentrée 2021 .
Un stage est prévu par le snes académique le mardi 9 mars de 9h à 17h : collège. Moyens, carrière, métier, les pièges de la contractualisation. Infos ici : https://lille.snes.edu/Stage-SNES-FSU-2020-2021.html