Depuis la rentrée, une énième « éducation à » est officiellement mise en place, prioritairement en collège. Une note de service du 28/06/2022 présente en effet le « passeport Educ Fi », nouvelle « certification » liée à un dispositif « d’éducation financière » initié en 2016. Cette note recommande à chaque collège d’inscrire « l’équivalent de deux classes », « prioritairement » en 4e ou 4e Segpa. Comme souvent, ce dispositif n’est pas attribué à une discipline en particulier. Point n’est besoin, par conséquent, d’avoir des compétences particulières : encore un dispositif qui remet en cause le rôle de la qualification disciplinaire. Le ministère fournit « clés en main » un unique support pédagogique, à savoir un diaporama, qui doit permettre de préparer un « quiz » débouchant sur l’attribution dudit « passeport Educfi ».
Le contenu du diaporama est clair : il ne s’agit pas de former l’esprit critique des élèves, mais seulement d’apprendre aux collégiens à tenir un budget, à faire attention à leurs dépenses, à savoir calculer le coût d’un crédit, à comprendre à quoi sert l’épargne personnelle, à se méfier
des arnaques… Bref, une approche pratique et moralisante de l’économie. Et quand on lit que le dispositif s’inscrit « dans le cadre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale », on s’étrangle. Pour lutter contre la pauvreté, il suffirait donc que les pauvres, si déraisonnables, apprennent (enfin !) à tenir un budget ?
Pour le Snes-Fsu, rien ne permet d’imposer aux enseignant.es la prise en charge d’un dispositif orienté idéologiquement, et stigmatisant pour les élèves des milieux les plus modestes. La note de service n’a d’ailleurs aucune valeur réglementaire. À nous de la dénoncer collectivement dans les établissements.
Romain Geny