La FSU a été reçue le lundi 17 mai à l’occasion de la venue de Nathalie Elimas, secrétaire d’état à l’éducation prioritaire, au collège Prévert de Caudry. Magali Laumenerch et Vincent Perlot pour le SNES et David Blothiaux pour le SNUIPP représentaient la FSU. C’est sa conseillère aux territoires et à l’égalité des chances, Nathalie Vilacèque qui a reçu la délégation en présence de Jean Yves Bessol, Dasen du Nord.
Voici le compte-rendu de l’audience.
Des moyens provisoires qui font l’impasse sur les postes
Les moyens font l’objet d’une dotation spécifique, mais sont pris sur les budgets habituels, à budget constant au niveau de l’Éducation Nationale. Ils ne sont donc pas pérennisés et feront l’objet l’an prochain d’une discussion au sein de la programmation de la loi de finances : aucune garantie au delà de l’année scolaire 2021-22, comme nous l’avions déjà relevé. Nous avons dénoncé le fait que ces moyens ne comprennent aucune heure-poste : il s’agit uniquement d’IMP et de crédits pédagogiques ou de formation. Rappelons que dans le 1er degré quelques ETP ont été débloqués.
Logique d’établissement contre logique de réseau
Si les CLA sont présentés comme complémentaires aux actuels réseaux REP/REP+, la logique de réseau a été critiquée par nos interlocuteur.trice.s qui ont insisté sur la notion « d’unités éducatives ». En clair, la signature d’un CLA n’est pas un tremplin pour accéder à l’éducation prioritaire, dont la carte serait revue en 2023. Au contraire, il s’agit pour le ministère d’expérimenter une contractualisation de moyens (limités) contre la mise en œuvre de projets, dont la nature importe finalement très peu. Ce qui explique que des projets existants soient validés a priori, et qu’on ne sache pas expliquer comment dès lors ces projets pourraient améliorer le « climat scolaire » ou les apprentissages et permettre de lutter contre les difficultés scolaires.
Une expérimentation peut en cacher une autre
Le véritable enjeu, nous a-t-on dit, c’est le « volet RH » ... ou comment expérimenter une individualisation des carrières (sur laquelle JM Blanquer s’est exprimé lors du Grenelle de l’Education). Pour faire simple, il s’agit d’amener les collègues à accepter une autoévaluation qui leur ferait endosser la responsabilité des réussites et des échecs : manque d’attractivité de l’établissement, résultats des élèves. Il s’agit aussi de faire accepter l’idée que toutes et tous ne sont pas aussi engagé.e.s et que certain.e.s mériteraient d’être « accompagné.e.s », via des modes de rémunérations individualisés (IMP) ou encore des surbonifications dans le cadre du mouvement. Le ministre ne vient-il pas de présenter un projet visant à rendre modulable, et donc à conditionner, le 3e volet de l’augmentation de l’indemnité REP+ ?
Il s’agit donc clairement d’expérimenter au pas de charge (2022 approche) un management par projet piloté par le chef d’établissement et relayé par une hiérarchie intermédiaire « porteuse de projet ». Management qui amènera les collègues « engagé.e.s » à rendre rapidement des comptes, puisque un premier bilan aura lieu en décembre 2021 pour voir au bout de 4 mois (!) comment s’est déroulée la mise en œuvre de ce qui avait été envisagé ...
Puis en mai-juin 2022, une deuxième phase d’évaluation est prévue sous l’égide de l’inspection générale.
À l’issue de ce moment d’échange, le désaccord est resté entier sur la question de l’individualisation des rémunérations, les inquiétudes sur la pérennité des REP également. Rien ne permet d’affirmer que les CLA vont améliorer les conditions de travail dans les classes. C’est bien une autre vision de l’éducation prioritaire qui ne soit pas centrée sur la question des ressources humaines mais sur les conditions d’apprentissage et de lutte contre la difficulté scolaire que nous portons.
Jean-François Carémel, Vincent Perlot, Magali Laumenerch