La période qui vient de s’achever avec le départ de Jean-Michel Blanquer aura profondément marqué les personnels par l’étendue des dégâts causés au service public d’éducation.
Nommé en mai 2017 par E. Macron, le ministre n’est pas un inconnu. De 2009 à 2012, le n°2 de Luc Chatel mettait déjà en œuvre les 80 000 suppressions de postes dans l’Education nationale. L’auteur de L’Ecole de demain, qui sert de programme au candidat Macron en 2017, y développe déjà ses thèmes de prédilection : autorité, hiérarchisation, autonomie des établissements, évaluation constante du système ; le tout dans une démarche pseudo « scientifique » s’appuyant sur l’autoévaluation. Dès 2017, il est perçu comme ’"l’idéologue du ministère" et au terme de ces 5 ans, force est de constater qu’il a rempli sa feuille de route.
Le bilan de Jean Michel Blanquer est catastrophique : 8000 suppressions de postes, DHG en baisse, explosion des seuils en collège, dégradation des conditions d’enseignement, dialogue social inexistant, improvisation continue durant la crise du COVID avec son lot de contre-vérités fantaisistes, fin du paritarisme lors des opérations de carrière et de mobilité, loi sur « l’école de la confiance » pour museler les personnels et favoriser l’autoritarisme, refus de réelles revalorisations salariales, désaffection des métiers. Et pour finir : un bac local dévalorisé, Parcoursup et ses injustices sélectives, des pré-orientations précoces en 2de, anxiogènes pour les élèves et les familles, une mise en concurrence des disciplines, un lycée où se sont maintenues les inégalités sociales et accrues les inégalités de genre. Faut-il ajouter le développement continu de la contractualisation et la disparition d’une réelle formation pour les nouveaux enseignant.e.s ?
Pour couronner le tout, Blanquer, c’est aussi la manipulation avec le pseudo syndicat « Avenir Lycéen », la théorie du complot avec les « cyberattaques venues de l’étranger » contre le CNED, le dénigrement idéologique contre le « wokisme » ou « l’islamo-gauchisme qui a envahi les universités », le mépris des familles qui « dépensent leur prime de rentrée pour acheter des écrans plats ».
Ces contre-réformes autoritaires s’inscrivent dans un cadre idéologique libéral de privatisation, de marchandisation de l’éducation et de néo management. Rien pour l’instant ne nous permet d’affirmer que le nouveau ministre rompra réellement avec ces 5 ans de mauvais coups portés à l’école publique. Ce qui est certain, c’est que le Snes-FSU sera toujours présent pour les dénoncer et les combattre.
Vincent Perlot