Le SNES FSU se bat pour vos carrières !
Un GT bilan « promotions 2025 » dans le second degré a eu lieu au rectorat le mardi 9 décembre. Le SNES, avec le SNEP, pour la FSU, a pu porter ses revendications pour les carrières des personnels et interpeller les représentants de l’administration et des corps d’inspection sur les problèmes relevés dans les opérations de promotions, notamment et surtout au niveau de la campagne d’accès à la classe exceptionnelle.
Vous trouverez des éléments chiffrés sur les campagnes d’accès à la hors-classe, à la classe exceptionnelle, ainsi que sur l’accès à l’agrégation sur liste d’aptitude, dans le document à la fin de cet article.
De manière générale, il existe de fortes disparités entre les différents corps au niveau des avis posés sur la valeur professionnelle des personnels et ce, dans toutes les opérations promotions : rendez-vous de carrière, hors-classe et classe exceptionnelle. On relève, par exemple, qu’il y a 6 % d’avis excellent chez les PEPS lors du 1er rendez-vous de carrière alors que ce taux d’avis excellent est à 15 % chez les certifiés et qu’il monte à 43 % chez les agrégés. Pour la classe exceptionnelle, on trouve 17 % d’avis TF/TF (CE/IPR) chez les PEPS, 24 % d’avis TF/TF chez les certifiés, 24,4 % chez les CPE et 38,9 % chez les agrégés.
L’argument du nombre de personnels dans les différents corps pour expliquer ces différences n’est pas recevable étant donné les écarts importants constatés. De plus, au-delà des promotions, le regard porté par l’institution sur la valeur professionnelle occupe une place importante dans la reconnaissance professionnelle qu’attendent les personnels de leur employeur pour valoriser leur engagement auprès des élèves dans des conditions de travail de plus en plus dégradées (sans parler des rémunérations scandaleusement basses).
Le SNES, avec la FSU, ne cesse de combattre et de dénoncer la loi dite de "transformation de la fonction publique" mise en œuvre depuis 2020. En enlevant aux CAP leurs compétences sur les questions de mobilité et de carrière, cette loi a porté un grand coup à la démocratie sociale qui existait dans la fonction publique.
Du côté des carrières, l’opacité des opérations de promotion, conséquence de la loi, est lourde de conséquences pour les collègues qui ne sont plus en mesure de veiller au bon respect des procédures. Le SNES FSU ne cesse d’exiger l’abrogation de la loi, et – dans l’attente de celle-ci – agit pour que la transparence soit rétablie. Il a pu obtenir de nombreuses avancées, notamment pour la hors-classe, qui permettent à chacune et à chacun de veiller à ce que son dossier soit étudié avec les bons éléments.
En ce qui concerne la classe exceptionnelle, les nouvelles modalités n’ont fait que renforcer l’opacité et l’aspect discrétionnaire de l’opération de carrière. Les nombreuses fiches de suivi transmises par les collègues depuis deux ans ont toutefois permis aux militantes et militants du Snes-FSU d’assurer le suivi de cette campagne de promotion et de construire une analyse critique de cette opération de promotion.
L’utilisation des fiches de suivi syndicales est un outil précieux pour permettre le suivi individuel et collectif des promouvables aux différentes campagnes de promotion..
Classe exceptionnelle 2025 : du grand n’importe quoi !
(=> Accès au bilan Hors-classe)
Depuis l’année dernière, il n’existe plus de barème pour accéder à la classe exceptionnelle. Ce sont les avis du chef d’établissement et de l’IPR sur la valeur professionnelle des personnels (parmi 3 possibilités : défavorable, favorable et très favorable) qui deviennent prépondérants. Les personnels sont ensuite classés, à valeur professionnelle égale, selon leur ancienneté de corps, leur ancienneté de grade, leur échelon et leur ancienneté dans cet échelon.
Un grade inaccessible
Devant les faibles taux de promotions réservés aux corps du second degré, et les choix opérés par le rectorat de Lille (recherche d’un équilibre strict entre disciplines) et les IPR (qui limitent fortement les avis TF), la classe exceptionnelle est en train de devenir un grade inaccessible pour un très grand nombre de personnels, quelle que soit leur valeur professionnelle et leur carrière dans l’Éducation nationale.
Si le problème des faibles ratios de promotions pour les corps du second degré ne peut être réglé au niveau académique, la manière dont sont établis les tableaux d’avancement et la répartition des avis relèvent par contre pleinement de ses compétences.
Des avis « Très favorables » volontairement limités
D’après les Lignes Directrices de Gestion (LDG) : « Cet avis est rendu sur la base d’une appréciation de la valeur professionnelle de l’agent promouvable en tenant compte de l’ensemble de sa carrière. L’implication en faveur de la réussite des élèves, l’engagement dans la vie de l’établissement, la richesse et la diversité du parcours professionnel font notamment partie des critères d’examen. »
Pourtant, certains évaluateurs ne connaissent pas ou ne respectent sciemment pas les textes réglementaires. En effet, des corps d’inspection ont tout simplement inventé, en réponse aux recours formulés par les collègues, des raisons ou des quotas qui n’existent pas pour justifier leur refus d’octroyer des avis « très favorables ».
Nous avons cité, par exemple, l’écrit suivant d’un évaluateur qui justifiait à un collègue les raisons pour lesquelles il n’avait pas pu avoir un avis TF :
Nous faisons le choix d’essayer de promouvoir des enseignants qui se surinvestissent et participent au rayonnement de la discipline au travers d’animations de stage de formations, de réaliser de sujets d’examens, d’accompagnement de stagiaires… (=>NON RESPECT DES LDG !!!) »
Inégalités entre les disciplines
La recherche d’un équilibre strict (taux de promus = taux de promouvables dans la discipline ) dans les disciplines (ou groupes de disciplines) pour les corps des certifiés, agrégés et PLP, génère de fortes inégalités. Outre le fait que cette manière de travailler ne respecte pas les lignes directrices de gestion ministérielles*, cet équilibre strict accentue les effets du nombre insuffisant de promotions. En effet, la discipline devient alors le premier critère de départage, ce qui est contraire aux LDG, et ce qui a pour conséquence d’importantes inégalités puisqu’en fonction des disciplines, les personnels sont promus, ou pas, avec une ancienneté de corps plus ou moins importante. La promotion ici ne repose donc plus, à valeur professionnelle identique, sur le critère de départage qu’est l’ancienneté de corps mais sur la discipline. Enfin, alors qu’elle travaille par discipline, l’administration refuse de nous transmettre des données par discipline (nb d’avis TF, ancienneté de corps…) renforçant ainsi l’aspect discrétionnaire de l’accès au troisième grade.
*LDG : "Les promotions reflètent, dans toute la mesure du possible, la diversité des environnements professionnels (diversité des univers d’exercice et des territoires, représentativité des disciplines et spécialités).
Devant notre insistance, nous avons réussi à obtenir, à valeur professionnelle égale (TF/TF), l’écart entre les anciennetés de corps nécessaires pour être promus selon les disciplines chez les certifiés. Cet écart est de 10 ans (21 ans / 31 ans). Cela veut donc dire que si on est dans la « bonne » discipline, on peut être promu.e avec une ancienneté de corps de 21 ans, pendant que d’autres ne pourront pas l’être s’ils n’ont pas au moins 31 ans d’ancienneté de corps dans leur disciplines. Sans parler de celles et ceux qui ont plus d’ancienneté mais à qui le chef d’établissement et/ou l’IPR refusent l’avis « très favorable ».
Des avis comme levier de management des corps d’inspection
Les avis portés pour l’accès à la classe exceptionnelle deviennent un levier de management ou de tri pour choisir les personnels à mettre en rang utile dans les tableaux d’avancement, tri qui est renforcé, et rendu possible, par le traitement par discipline chez les certifiés, agrégés et PLP. La synthèse des avis IPR (ci-dessous) et CE nous confirme que les IPR limitent fortement leurs avis TF par rapport au CE.
En procédant ainsi, il est plus aisé d’orienter les tableaux d’avancement ou de « choisir » les heureux élu.es.
D’après nos estimations, certaines disciplines concentrent, par exemple, une grosse partie de leurs promus parmi les promouvables plus jeunes au détriment des plus âgés comme :
– en anglais (33 promus, 28 seraient nés entre 1970 et 1976), en arts plastiques (4 promus, 3 seraient nés entre 1972 et 1975) et en éducation musicale (6 promus, tous seraient nés entre 1969 et 1973) chez les certifiés par exemple.
– en maths (11 promus, 5 seraient nés entre 1972 et 1976) et en Sc. physiques (5 promus, tous seraient nés entre 1972 et 1976) chez les agrégés.
Les modalités d’accès à la classe exceptionnelle sont inacceptables !
Si le Snes-FSU a de nouveau dénoncé celles fixées dans les LDG nationales, il a avant tout dénoncé les modalités de mise en œuvre du rectorat et des corps d’inspection. Il continuera de dénoncer celles-ci à l’occasion du CSA de proximité académique dédié.
Par ailleurs, avec la FSU, le Snes interviendra également auprès du ministère pour signaler ces dérives et le non-respect du cadre réglementaire au sein de l’académie de Lille.
Le SNES-FSU revendique toujours le retour du paritarisme pour des opérations de promotion transparentes : seul le retour au paritarisme permettra de rétablir entièrement la transparence des opérations de carrières.



