Le LPO (lycée polyvalent) est une structure qui réunit au sein du même établissement, un lycée général et technologique et une section d’enseignement professionnel. Officiellement, les deux types de section disposent de deux dotations en heures postes distinctes attribuées au regard du nombre d’élèves. Cependant, les crédits alloués aux deux sections sont fongibles pour ne constituer qu’une seule répartition de moyens pour le LPO. Une aubaine pour le chef d’établissement ! Un peu moins pour les élus représentants qui siègent en Conseil d’Administration en matière de transparence du fléchage des heures postes.
Ainsi, dans ces établissements, il arrive que des collègues fassent des heures au lycée général et technologique alors qu’ils sont nommés au lycée professionnel ou inversement. Même si ces pratiques sont discutables, elles permettent aux collègues de conserver leur poste. En revanche, lorsque ce genre de pratique permet à un collègue d’effectuer son service complet dans l’établissement où il n’a pas été nommé, cela devient inacceptable.
On achève la voie professionnelle
Au lycée Guy Mollet d’Arras, le lycée professionnel voit sa dotation fortement baisser du fait de la fermeture de classes dans son unique filière de Gestion et Administration, conséquence des politiques éducatives nationales qui démantèlent la voie professionnelle et incitent les élèves à se diriger en seconde générale et technologique plutôt que de poursuivre une filière professionnelle. Cela engendre une gestion en ressource humaines particulièrement désastreuse pour les collègues PLP de disciplines professionnelles particulièrement mais aussi pour les collègues PLP de l’enseignement général (Lettres-Histoire, Maths-Sciences…) Pour autant, il ne s’agit pas de gérer des situations personnelles au détriment du cadre légal. Aussi, les représentants SNES du personnel enseignant élus dénoncent cette situation et le conseil d’administration a voté deux fois contre la répartition prévue. Une audience a été sollicitée pour que des moyens soient donnés au lycée professionnel pour prendre en charge les élèves.
Le rêve secret du recrutement du personnel par le chef d’établissement
Le chef d’établissement avait pourtant tout fait pour éviter ce vote contre : pour ne pas avoir de suppressions de postes, il a utilisé une partie de la dotation du lycée général et technologique pour l’utiliser pour le lycée professionnel tout en prévoyant que des enseignants PLP effectuent leur service complet au lycée en BTS. Qu’un collègue PLP, comme le prévoit le décret n° 2009-918 du 28 juillet 2009 portant modification du décret n° 92-1189 du 6 novembre 1992 relatif au statut particulier des professeurs de lycée professionnel, complète son service en BTS, c’est-à-dire jusqu’à 9H de son service, cela peut paraître acceptable mais que quelques-uns fassent la totalité de leur service en BTS de l’enseignement général et technologique alors qu’ils sont nommés au lycée professionnel, cela devient intolérable. Les personnels concernés sont bien évidemment satisfaits de ne pas perdre leur poste et d’enseigner en BTS, mais lorsque, par voie de conséquence on en profite pour supprimer deux postes au lycée général et technologique, cela devient véritablement problématique.
Quand les corps entrent en fusion
Le représentant SNES du lycée avec le soutien du SNES académique s’est opposé à cette disposition, non pas que nous estimions que les collègues ne soient pas aptes à enseigner en BTS, mais car ce dispositif contourne le mouvement des personnels et car ce choix est fait à l’interne de l’établissement sans aucun regard extérieur (rectorat, inspection et représentants des personnels au niveau académique).
Comme c’est déjà le cas, les enseignants certifiés ou agrégés peuvent être nommés à titre définitif en lycée professionnel mais cela se fait après le mouvement des PLP sur les postes restés vacants avec l’accord des corps d’inspection et sur demande écrite du collègue. Au lycée Guy Mollet, comme dans n’importe quel LPO, si des collègues PLP souhaitent enseigner en BTS, la procédure doit être claire et ne pas contourner les règles du recrutement et du mouvement. Les postes pour les PLP sont d’abord pour les postes PLP, comme les postes en lycée général et technologiques sont aux certifiés et agrégés en priorité au regard des spécificités d’enseignement. Selon quels critères les es collègues de la SEP du lycée Guy Mollet seraient-ils prioritaires par rapport à d’autres collègues PLP ?
A ce jour, le chef d’établissement ne peut pas effectuer de recrutement local, c’est ici ce qu’il fait en choisissant les collègues qui pourront aller travailler en BTS et ce au mépris des règles. Si par la suite, à la faveur d’une réforme du lycée, des postes devraient être supprimés, le choix des suppressions seraient totalement faussé de part ce recrutement local. Nous refusons une mise en concurrence des corps. Pour le SNES-FSU, cette situation remet en cause le statut des différents corps de l’Éducation Nationale et les règles de nomination des personnels. Il interpellera le rectorat sur cette situation.
10 février 2018