Les représentants du Snes-Fsu ont tenu, comme ils l’on fait précédemment au niveau académique et dans un cadre fédéral intersyndical, à manifester leur refus des 777 suppressions de postes dans l’académie de Lille. Le CTPD initialement prévu le 18 a donc été boycotté.
La déclaration qui suit a été lue mardi 22 janvier lors du CTP reconvoqué.
DECLARATION FSU CTPD 62
Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Faut-il rappeler que l’académie de Lille, une nouvelle fois, détient la palme des suppressions de postes ? 777 supports disparaissent : 687 postes d’enseignants, mais aussi 29 postes d’administratifs dans les établissements, 35 postes d’étudiants surveillants, plus 26 suppressions au titre du programme financier « soutien de la politique scolaire ».
Faut-il rappeler que pour la 8e année consécutive les collèges du Pas-de-Calais doivent rendre des moyens ?
Néanmoins, pour la FSU, les chiffres de la rentrée 2008 ont une signification sensiblement différente de ceux des années précédentes, fussent-ils tout aussi inquiétants.
Ces nouvelles coupes s’inscrivent en effet dans un contexte idéologique et budgétaire de remise en cause des personnels et des missions des services publics avec -en ligne de mire-, l’Education Nationale.
Les aspects idéologiques sont connus : ils sont contenus dans le discours présidentiel prononcé à Nantes le 19 septembre 2007, puis relayés par le Premier Ministre le 10 octobre. Ils tiennent dans cette formule : « moins de services, moins de personnels, moins d’Etat ».
Les outils du désengagement sont également connus, qu’il s’agisse de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), qui planifie 80 000 suppressions de postes dans notre secteur en 4 ans en sus des 8830 déjà votées pour 2008, ou de la loi TEPA (« travail, Emploi, Pouvoir d’Achat ») qui est à l’origine de 3500 suppressions dans le second degré.
Il est important pour les syndicats de la FSU de rappeler sommairement les lignes de force de la législature qui s’engage, afin de comprendre pourquoi, une nouvelle fois, des retraits de moyens sont imposés aux collèges du Pas-de-Calais, département dont sont à nouveau niées les spécificités socio-économiques. L’exemple du bassin de Lens est parlant : on y prévoit 12 des 17 fermetures de divisions, chacune de ces fermetures correspondant à 15 élèves en moins en moyenne.
Pour autant, sur l’ensemble du territoire départemental, l’argument démographique ne peut plus justifier les retraits : les effectifs des collèges sont quasiment stables, ce que confirme la cohérence pour la rentrée 2008 en tablant sur seulement 93 élèves en moins (hors UPI). Pourtant ce sont plus de 578 HP qui sont rendues, c’est-à-dire 32.1 ETP. Sur ce point, nous aimerions obtenir des éclaircissements, puisque lors du CTPA ont été annoncés 16 retraits d’emplois que nous ne retrouvons pas dans les documents.
Nous avions déjà constaté dans cette même instance l’an dernier, le ralentissement de la décrue des effectifs, et dénoncé la finalité comptable du décret sur les obligations de service.
Ce décret abrogé sous la pression des personnels, la conversion de postes en HS est le nouvel instrument utilisé pour pallier le retournement de la tendance démographique et tenter d’intéresser les personnels aux suppressions d’emplois, tout en alourdissant les conditions d’exercice et en augmentant les effectifs par division. C’est ainsi que 224.6 nouvelles HSA (12,4 ETP, +4.7%) sont injectées pour 2008, faisant passer le taux moyen d’HSA de 1.13 à 1.33. Sur ce point également, des précisions sont nécessaires : pouvez-vous nous confirmer que les 191 HSA (10.2 ETP) récupérées au titre de l’abrogation du décret Robien ne sont pas incluses dans le calcul de ce taux, et donc s’ajoutent aux 224.6 HSA que mentionnent les documents ? En tous les cas, les HSA sont détournées de leur utilité première, à savoir permettre une souplesse de fonctionnement dans les établissements.
Pour autant, les chiffres sont têtus, et il devient de plus en plus difficile de récupérer des moyens importants au moment où la population scolaire recommence à augmenter. les moyens dévolus à l’origine aux IDD sont rendus, les heures non affectées en 5e-4e s’évaporent, les options à faible effectif sont sur la sellette (latin-grec).
Nous sommes convaincus que, dans le droit fil de la loi Fillon sur l’Ecole (dont nous revendiquons toujours l’abrogation) et du socle commun, de sérieuses menaces pèsent sur les horaires disciplinaires, ne serait-ce que pour contenir ou réduire les besoins en moyens. Des enseignements à plusieurs vitesses sont, il est vrai, bien moins ambitieux et dispendieux, et nous faisons confiance à la commission Pochard pour dégager pour trouver de nouveaux gains de productivité en proposant de laisser aux établissements une autonomie plus large pour gérer la pénurie de moyens, tout en rendant les professeurs bivalents, flexibilité oblige.
Sans attendre les conclusions de cette commission, la mise en place de l’accompagnement éducatif dans les collèges relevant de l’éducation prioritaire suscite également notre inquiétude, et leur généralisation à la rentrée 2008 est dangereuse, d’autant qu’elle peut justifier la remise en cause des horaires disciplinaires et l’existence même de certains enseignements … qui ne seraient pas au cœur du socle, ainsi que les dispositifs de remédiation existants.
Plus largement, la situation de bon nombre de collèges REP nous préoccupe : les établissements victimes d’une baisse d’effectifs consécutive à l’assouplissement de la carte scolaire, ne gardent pas leurs moyens, contrairement aux propos du Ministre le 11 décembre dernier. Ils semblent juste assurés de conserver le même taux d’encadrement. Nous voudrions donc savoir quelle est la situation précise des collèges qui ont perdu entre 5 et 10% de leurs élèves, ou plus de 10%.
Quant aux collèges dont l’assouplissement conduit à une hausse des effectifs, il semble que la cohérence académique soit sous évaluée au regard des effectifs constatés en CM2, tout en étant proche des seuils de création de division. Pour le moins, cette situation les expose à des tensions en termes de moyens, à moins que la cohérence définie ne soit un plafond, dont nous voudrions connaître les modalités d’élaboration.
A l’opposé du marché scolaire sur lequel débouche la suppression programmée de la carte scolaire, la FSU revendique le droit de tous les élèves à des enseignements de qualité qui amènent chacun au meilleur de ses possibilités, sans renvoyer les collégiens et leur famille à leurs échecs individuels. Cette objectif nécessite une politique éducative ambitieuse auquel l’actuel gouvernement tourne délibérément le dos.
C’est une des raisons pour lesquelles la FSU et ses syndicats appellent les personnels à se mobiliser le 24, et après le 24, dans la rue et les établissements.